Publié le : 12 juin 20195 mins de lecture

« ringardisant » la cigarette traditionnelle, selon une enquête publiée vendredi.

L’étude réalisée auprès de collégiens et lycéens parisiens montre que le tabac est clairement en perte de vitesse, alors que jusqu’à présent la tabagie des jeunes est un point noir de la lutte contre la cigarette en France, avec 40% de fumeurs réguliers chez les 16-25 ans, plaçant le pays parmi les premiers en Europe pour la consommation de tabac chez les adolescents de 16 ans.

E-cigarette en remplacement de la cigarette classique

Le phénomène récent de l’E-cigarette est peut-être en train de changer la donne. L’enquête de l’association Paris sans tabac, réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2% des collégiens et lycéens de Paris, montre une baisse globale de 9% du tabagisme chez ces jeunes âgés de 12 à 19 ans, entre 2011 et 2014. « La meilleure explication à cette baisse récente du tabagisme chez les collégiens et lycéens est l’apparition de la cigarette électronique », explique le pneumologue et spécialiste du tabac, Bertrand Dautzenberg, qui a supervisé l’étude.

Baisse des fumeurs de cigarettes chez les 12 – 15 ans

D’après cette enquête (réalisée tous les ans avec la même méthodologie), la part des fumeurs quotidiens ou occasionnels parmi les lycéens parisiens âgés de 16 à 19 ans est passée de 42,9% en 2011 à 33,5% en 2014. Chez les collégiens, âgés de 12 à 15 ans, la part des fumeurs quotidiens et occasionnels a diminué dans la même proportion, de 20,2% en 2011 à 11,1% en 2014.

Le nombre de jeunes consommateurs d’E-cigarette explose

Parallèlement la proportion de lycéens et collégiens ayant essayé la cigarette électronique a explosé : 39% en 2014 contre 10% en 2011. Pour les collégiens comme pour les lycéens, « l’e-cigarette n’apparaît pas comme un facteur d’augmentation du tabagisme », ni même « comme un produit d’initiation du tabac » selon l’étude.

Le tabac apparaît « Polluant, puant et coûteux »

La « e-cig », avec son allure de gros stylo électronique et sa vapeur à la nicotine, « ringardise le tabac et c’est une très très bonne nouvelle », juge le Pr Dautzenberg qui préside l’association Office français de prévention du tabagisme (OFT).

Bien que « potentiellement irritante et addictive », la cigarette électronique « apparaît aux jeunes comme infiniment moins malsaine que le tabac qui apparaît lui comme polluant, puant, coûteux et addictif (…) malgré les efforts de l’industrie du tabac pour tromper les adolescents », explique-t-il.

La vente de tabac est interdite aux mineurs et pareil pour les cigarettes électroniques depuis mars 2014

Le Pr Dautzenberg juge qu’il reste le risque que l’e-cigarette devienne pour les jeunes un produit d’initiation au tabac, même si l’étude ne confirme pas cette crainte. Yves Bur, président d’une autre association, Alliance contre le tabac, appelle à la prudence face à un nouveau produit dont on ne connaît pas encore les risques à long terme.

« Il faut éviter de s’emballer. Il est clair que la cigarette électronique est terriblement moins dangereuse qu’une cigarette ordinaire, » indique-t-il, « mais il ne faudrait pas que des jeunes entre dans l’addiction à la nicotine par elle ».

Ce succès inattendu de la cigarette électronique en France a pour principal avantage d’aider de nombreux fumeurs confirmés à sortir du tabac. L’OFT a publié fin avril un avis pour conseiller les professionnels de la santé face à cet outil qui a séduit 1,5 million de Français, fait reculer les ventes de tabac et plonger celle des traitements traditionnels de sevrage (gommes, patchs…).

L’E-cigarette n’est pas la solution de premier choix mais il ne faut « ni la jeter ni la sanctifier », a souligné l’OFT alors qu’en France, comme dans une majorité de pays, le tabac reste la première cause évitable de décès, avec environ 73 000 morts par an.