Publié le : 12 juin 20198 mins de lecture

La Cigarette Electronique cartonne !

De la nicotine, de la fumée (en réalité de la vapeur d’eau) une (fausse) braise qui rougeoie quand on aspire, mais pas une trace de goudron. La cigarette électronique – ou « e-cigarette » – n’a certes pas le même goût qu’une clope normale, mais les sensations sont là. Et elle commence à cartonner.

Un million de Français auraient déjà testés la cigarette électronique, nous apprend les Echos.fr. La moitié d’entre eux « vapoterait » (c’est le terme utilisé) quotidiennement.

L’innovation est arrivée en France au début des années 2000. Un tube de plastique venu de Chine, composé d’une batterie, d’une diode qui s’allume quand on tire une taffe, et d’une cartouche que l’on remplit avec du liquide à inhaler.

Ce dernier peut avoir le goût du tabac – bien qu’il n’en contienne pas – ou de n’importe quoi d’autre, c’est au choix (café, coco, menthe…).

1.  » C’est moins cher »

C’est le premier argument que cite David, 23 ans, étudiant à la Sorbonne. « Combien vaut un paquet de Marlboro ? » sourit-il, lui qui s’est mis à « la clope du futur » il y a un an :

« C’est comme les compagnies d’avion low-cost : tu fais la même chose, pour moins cher. Je suis étudiant. Un paquet de clopes par jour (sa consommation), ça fait presque 200 euros par mois. La moitié de ma bourse, quoi. »

Il y a deux sortes de cigarettes électroniques : les jetables et les rechargeables. David a opté pour les premières. Environ 8 euros l’unité, pour 400 bouffées, qui équivalent à environ 40 cigarettes. « Soit deux paquets que j’aurais payés 13 euros » poursuit David.

Ludivine Bély constate qu’avec les hausses programmées de l’automne prochain, « le client est plus sensible » à l’argument du prix.

Yasmine, 35 ans, fonctionnaire à Houilles (Yvelines), a testé « la clope artificielle » mais n’a pas aimé ; mais si les prix du tabac continuent d’augmenter, « elle se passera peut-être du plaisir de la Marlboro rouge » :

« Pour les gros fumeurs comme moi, avouons-le, fumer relève du réflexe. Je ne suis pas très riche et mon paquet de cigarettes traditionnel me coûte très cher. Ça commence à m’ennuyer. Alors peut-être bien que je passerai à l’électronique. Ma sœur l’a fait. Sur une année, les économies sont énormes. »

2. « ça ne touche pas mes poumons » 

« Pour l’instant, je n’ai pas le début d’une preuve que c’est bon pour la santé, ni le début d’une preuve que c’est mauvais non plus », explique le docteur Bertrand Dautzenberg, pneumologue interrogé par France 5 à propos de la cigarette électronique.

Pas de mercure, pas de goudron et tous les sites spécialisés qui en vendent en ligne affirment sur leur page d’accueil que les 4000 substances toxiques d’une cigarette traditionnelle n’existent pas dans sa version électronique.

« Il y a du propylène glycol, des solvants et de la nicotine, cette dernière pouvant notamment entraîner une dépendance chez des personnes qui ne fumaient pas » tempère la com’ de l’Afssaps, qui en mai 2011, a publié un communiqué sur son site. Néanmoins, elle admet ne pas pouvoir évaluer les risques avec exactitude :

« Nous n’avons pas eu de signalements concernant des complications liées à ce produit. Mais c’est justement parce que nous ne le connaissons pas que nous le déconseillons. »

« Je fais du sport et ne ressens aucune gêne »

Le site Ma cigarette électronique.com, qui propose aussi des cigarettes électroniques, avait publié quelques jours plus tard un droit de réponse contestant les arguments avancés par l’Afssaps, que m’a fait lire Youssouf, 19 ans, originaire de Verneuil (Yvelines).

Il fume des cigarettes électroniques, qu’il achète sur Internet. « C’est moins cher que chez les buralistes ou les boutiques spécialisées ». Ses parents n’adhèrent pas vraiment au concept, mais tolèrent. « Alors, je peux fumer à la maison comme un daron », s’amuse-t-il :

« Si quelque chose sort sur les dangers, s’il y a des cancers ou un truc comme ça, je me poserai des questions. Mais là, même s’il y avait des risques, ils seraient incomparables avec ceux du vrai tabac.

Ça ne touche pas mes poumons. Je fais du sport et ne ressens aucune gêne. »

3. « ça m’a aidé a arrêter la vraie clope » cigarette electronique

Sami, 29 ans, originaire de Courbevoie (Hauts-de-Seine), a arrêté de fumer grâce « à ce tube de plastique qui ressemble à un stylo ». Plombier, gros fumeur, c’est sa compagne qui lui a conseillé d’essayer :

« Au début, j’achetais des cigarettes électroniques mais aussi des normales. Ça revenait cher, mais je n’arrivais pas à me passer de mes Camel. Et puis, au fur et à mesure, j’ai lâché la vraie clope. Tu peux même choisir goût tabac pour ne pas perdre tes repères d’accroc (…) Je suis guéri. »

Une vertu médicale qui n’a pas été prouvée et qui a motivé une circulaire interdisant la vente de cigarette electronique dans les pharmacies. La com’ de l’Afssaps :

« Contrairement aux patchs nicotiniques, il est vrai que nous ne pouvons pas vérifier la traçabilité de ces produits. »

L’interdiction n’est pas encore rentrée dans les faits. Comme l’a constaté un pharmacien à Poissy (Yvelines), certains de ses concurrents continuent d’en vendre :

« Ils ne sont même pas au courant de la circulaire. Cette histoire est plutôt mal gérée. »

Ludivine Bély rappelle que cette circulaire s’applique seulement aux marques de cigarettes qui prétendent permettre d’arreter de fumer.

« Ça peut aider certaines personnes. Nous de toute manière, nous nous posons en alternative, pas en médicament. En tous les cas, nous avons perdu tous nos contrats avec des pharmacies en région parisienne.

Ils ont des accords avec des marques de patchs, donc ça les embête un peu, forcément. En revanche, les buralistes sont très contents. »

4. « Je peux de nouveau fumer dans les lieux public »

Depuis 2008, il est interdit de fumer dans les lieux publics. « Une aberration » pour David :

« Un repas sans cigarette, ce n’est pas un repas. Quand je suis assis au restaurant et que je crache de la fumée, j’ai l’impression de prendre une revanche sur les autres. »

« Mais j’ai meilleure conscience. Avant, on me disait que je ruinais la santé des autres. Maintenant, je fume tranquille. »

L’un des grands avantages de la cigarette électronique est de pouvoir la consommer partout.

Cela crée quelques malentendus, comme sur le plateau de « Ce soir ou jamais » en janvier dernier, où le dessinateur Art Spigelman savourait tranquillement une e-cigarette

En 2008 déjà, Jerome Bonaldi était en extase sur la chaîne Vivolta.